Le confetti

 

— Papou ?

— Oui ma gazelle ?

— Dis papou, pourquoi je suis noire moi ?

— Mon haricot magique, tu es noire car c’est la couleur qu’a revêtu ta peau à la naissance

— …oui, mais pourquoi noire ?

— Tu es noire car l’ébène le plus pur est noir, tu es comme l’ébène mon artichaut fleuri.

— Je suis dure comme l’ébène alors ?

— Tu es forte, dense et brillante comme l’ébène.

— Hum…ok….mais pourquoi je suis née noire ?

— En fait, je vais te raconter, juste avant ta naissance, enfin il y a bien longtemps, il y avait un sacré chenit dans l’univers…

— Dans le ciel ?

— C’est ça ma tulipe nacrée, le ciel était tout encombré d’étoiles, de gaz qui puent et d’autres qui ne puent pas, de comètes filant à toute vitesse on ne savait pas trop où. Il y avait tout le temps des collisions entres astéroïdes, rochers et tout et tout…

— Un sacré bazar alors Papou ?

— Comme tu dis mon alouette sauvage, un sacré bazar là-haut. En plus de tout cela, il y faisait très chaud et il y avait en permanence de la lumière aveuglante à cause des explosions, des collisions et tout ça. Alors un jour, le Maître de       l’Univers décida de mettre un peu d’ordre. Il disait que ça n’allait plus ce cirque d’allée et venues, de pétarades et de fumigènes dans tous les sens. On ne s’y   retrouvait plus et il n’y avait nulle part où se poser tranquillou dans l’univers.

Alors un jour, il a ouvert ses bras très très très grand…comme ça…et puis encore plus grand car ça ne suffisait manifestement pas et il a commencé petit à petit à réunir tout ce qui traînait ça et là.

— Il a fait le ménage quoi…

— C’est ça mon colibri agile, il a fait une bonne poutze, tout ramené contre lui jusqu’à ce que ça tienne dans un tout petit confetti tout rond, tout dense et tout noir, un soleil de la taille d’un confetti.

— Et alors ?

— Et alors c’est là que c’est trop fort mon atome crochu ! Ecoute ça : ce petit   confetti, le créateur l’a multiplié à l’infini et à chaque fois qu’un enfant vient au monde, le créateur de l’Univers insère à l’intérieur de l’enfant ce petit confetti tout noir qui éclot tout en douceur à l’intérieur de l’enfant et libère toute la lumière et l’énergie qu’il contient. C’est d’ailleurs pour ça que les enfants grandissent, ils ont la force et la lumière en eux et ils grandissent petit à petit.

— Comme moi !

— Comme toi mon crustacé adoré, comme toi. Et le truc magique, c’est que quand il insère le petit confetti, il ne sait pas – ou il ne veut pas nous le dire – si c’est un soleil blanc ou un soleil noir qui va naître. Mais ce qui est sûr c’est que ce sera         un soleil magnifique. Noir ou blanc c’est la lumière qui est à l’intérieur qui   compte.

— Alors je suis un soleil moi aussi ?!

— Tu es mon soleil ma loutre, mon magnifique soleil noir !

 

Texte: Tamara Mantegazza – Atelier d’écriture Sarah Renaud, juin 2020

Ilustrations: Ling Perrelet